Résumé du RP:

La taverne de Dyonisos est une merveille, un modèle pour tout aubergiste ou tavernier qui se respecte. On dit qu’elle est bénie par le Dieu lui-même, et tenue par tout son savoir dans le domaine. Elle est gigantesque, c’est bien le mot. Une grandeur divine qui autorise tout et n’importe quoi, ne se souciant pas des origines et états d’esprit des clients qui franchissent le seuil de sa porte. La taverne vit d’elle-même, réchauffant l’ambiance d’elle-même de par une présence omnisciente, hydratant les hommes et femmes de nombreuses boissons en tout genre.

Le Chevalier d’Argent de l’Aigle s’y dirige comme à son habitude, ayant développé une certaine renommée auprès des personnes qui habitent dans la région. Une réputation qui le fait passer pour quelqu’un d’un peu fou mais surtout jovial, et c’est en ce jour qu’il risque de donner la preuve concrète de tant de rumeurs sur lui. Comme toujours, il a sa boîte de Pandore dans son dos, ne ratant aucun évènement pour emmener les souvenirs de son ancien partenaire nommé Cilah à ses côtés, comme s’il avait fusionné avec l’armure divine.

*Cela fait déjà trois mois que la Guerre de l’Olympe s’est achevée… Le temps s’est écoulé assez vite, c’est une bonne chose ! Tu vois, Cilah, rien n’a vraiment changé. Cette fête va être grandiose ! La plus grande que Dyonisos ait participé ! Que tous les Dieux et Déesses de l’Olympe viennent y assister, mon anniversaire vaut bien une paix divine ! Haha !*


Le Chevalier se contente d’ouvrir la porte, la foule à l’intérieur s’embrasant pour féliciter sa venue. Tout était préparé par ses soins, mais pourtant, sa joie ne cessait de brûler en lui, dépassant de loin la sensation ressentie lorsque c’est son cosmos qui est à l’œuvre. Il se contente se rejoindre le centre de la salle en affichant un grand sourire, posant lourdement sa boîte sur la table en bois, elle-même occupée par quelques clients.

« Tournée générale ! » s’exclame-il alors, sa voix résonnant à travers le bâtiment, suivie d’un brouhaha sonore qui montre bien la réactive positive des hommes et femmes de la taverne. « Que toutes les femmes me rejoignent au comptoir ! Le grand et majestueux Caridd est là ! » enchaîne-il en laissant échapper un rire non refoulé, signe de sa bonne humeur actuelle.

Les plus curieuses le rejoignent donc, ne se privant pas de se rapprocher de cet envoyé divin qu’est le Saint en cette occasion unique. Après tout, c’est un héros, et donc c’est une réaction normale de leur part vis-à-vis du Chevalier. Il se met alors à raconter ses plus grands haut-faits, notamment sa part héroïque qu’il a contribué lors de la Guerre de l’Olympe, se vantant comme personne, lui-même étant un maître en la matière. La vérité est celle prononcé par les plus grands, n’est-il pas ? C’est ainsi que commence le vingtième anniversaire de Caridd.

Dans un coin reculé de la taverne se tenait le "lynxhomme" comme s'amusait à l'appeler le Chevalier d'Argent. Comme toutes les connaissances de l'Aigle, il avait été convié à la fête... Mais à y réfléchir, il se demandait bien pourquoi. L'aigle et le lynx n'avait rien en commun, sinon leur proies, et auraient plutôt tendance à s'écharper mutuellement qu'à s'enlacer cordialement. La métaphore se vérifiait aussi dans la réalité, Caridd se montrant aussi fou et extraverti que lui froid et silencieux.
Mais s’il avait tant de réticences, pourquoi était-il venu malgré tout, présent au milieu des autres convives bien qu’à l’écart ? Il n’excluait pas une intervention divine pour expliquer sa présence en cet endroit, à cet instant. Car cela tenait du miraculeux. Peut-être avait-il même été drogué, qui pouvait l’affirmer ?

- Tournée générale !

L’Aigle avait lancé les hostilités. Nombreux furent ceux qui profitèrent de cette exclamation pour se faire servir ou resservir, qu’ils soient conviés, ou non, à la fête. Une fois la première tournée en marche, les gens laissèrent un peu plus d’air au Chevalier, lequel semblait apprécier la compagnie quelle qu’elle soit, sans distinction de sexe ou de religion. La foule autour de lui se dispersait quelque peu. C’est ce moment que choisit le jeune homme, qui se supportait décidément pas cette masse humaine trop dense, compacte, ou les corps serrés répandent une chaleur étouffante et le prive de sa liberté de mouvement, pour se manifester.

Il arriva derrière l’Aigle, et posa brusquement ses deux mains sur les épaules de son compagnon, comme deux serres prêtes à l’emporter dans les airs. Ou comment échanger les rôles.

- Joyeux anniversaire.

Sa voix était légèrement plus enjouée qu’à l’habitude, mais gardait une intonation qui laissait deviner que le bleu de ses yeux rendaient toujours autant hommage aux glaces du mont Athos.

Avec de la chance, son intervention l’aurait surpris. Dans le cas contraire, il avait d’autres tours dans son sac, et la soirée était loin d’être terminée... Sans compter qu’il ne serait certainement pas le seul invité à réserver quelques surprises au Chevalier à l'honneur.

« Et c’est ainsi que, grâce à ma surpuissance mêlée à mon charisme légendaire, j’ai impressionné le grand Dieu Zeus lui-même ! J’ai porté un coup fatal à Hadès, et son frère n’a pu qu’arrêter la guerre pour ne pas qu’un simple mortel devienne .. un tueur de Dieux, un déicide ! Mais je ne regrette en rien ce qu’il s’est passé ! Je sens la peur du ‘Maître des Enfers’, qui m’attend caché derrière ces spectres de malheur ! » dit-il aux femmes autour de lui, prenant une légère pose héroïque pour soutenir ses paroles.
« En passant, le fait de pouvoir se faire relever parmi les morts, c’est de la triche. Mais bon, on ne peut pas gagner sans tricherie, lorsqu’on a aucun don. Pas vrai, Hadès ?! » réplique-il alors.

Un éclair semble foudroyer le toit de la taverne, mais ça n’arrête pas l’ambiance chaleureuse du bâtiment. Caridd porte sa boisson à ses lèvres, tandis qu’il sent deux prises gelées qui retiennent ses épaules. Il se crispe légèrement avant d’entendre la voix de son ‘ami’ de ‘longue date’, connu il y a juste quelques jours.

« Mais .. C’est notre mascotte national ! Haha, tu as répondu à l’appel du tonneau, n’est-ce pas ? Je t’en prie, fais comme chez toi ! Ce n’est pas que mon anniversaire, c’est aussi une fête populaire ! » lui dit-il alors, avant de tourner son regard vers un des habitués de la taverne. « Pilos ! N’abuses pas du vin, tu sais que tu vas encore casser le matériel ! »

Sans avoir été particulièrement invitée, une jeune femme s'était glissée parmi les dames à qui le jeune éphèbe faisait la cour. Elle riait et s'exclamait autant que ses compagnes de jeu, mi-amusée, mi-moqueuse.

Elle était vêtue d'un peplos d'un bleu océan très pur, qui se dégradait vers un rouge carmin de ses genoux jusqu'à ses pieds. Une broche unique retenait le tissu sur son épaule droite, laissant la gauche nue. Une large fente de la tunique sans couture pouvait selon ses mouvements dévoiler sans pudeur une partie de la jambe de la jeune femme.
Ses cheveux étaient détachés, ayant pour prétexte cette ambiance de fête, soutenus uniquement par une légère couronne de fleurs blanches, qui se détachaient sur la chevelure mordorée, qui tombait en boucles bien dessinées sur ses épaules et son dos.
Ses yeux, dont la couleur donnerait faim à un écureuil, suivaient les périples imaginaires du conteur, brillants de malice.

Pour le moment, elle se plaisait dans la compagnie anonyme des femmes courtisées, et ne faisait rien pour s’en détacher. Comparées à elle, d’autres pouvaient paraître communes, banales, mais son maquillage, léger et estompé ne faisait que mettre en valeur son naturel, ne faisant guère concurrence à celui, parfois forcé, de celles qui l’entouraient.

- Tournée générale !

Les lèvres claires s’étirèrent un peu plus. Elle avait rarement l’envie de goûter aux produits de la terre, mais puisque l’occasion se présentait aussi généreusement, elle commanda dans la foulée une coupe de vin.

En attendant d’être servie, elle retourna auprès des femmes à qui le Chevalier contait une nouvelle histoire. Elle se mêla aux compliments, qui sonnaient aussi faux que le récit du jeune homme. Mais c’était le jeu, nul n’était dupe, seul importait de passer du bon temps. Et c’est ce que tous faisaient, elle comprise.
Il n’était pas question de Saints, de Marinas, de Spectres en ce lieu, ni de guerre. Tout cela était oublié le temps d’une soirée, et la jeune femme n’était qu’une convive parmi tant d’autres, s’émerveillant de la richesse du monde et riant aux frasques excentriques de leur hôte.

On lui signala bientôt qu’elle avait oublié sa commande. La coupe de bronze trônait sur la desserte, et menaçait être raflée par le premier ivrogne venu. Ce qui n’était pas grave en soi, puisque la tournée était payée, si cela arrivait il suffirait à la jeune femme de demander une nouvelle coupe.
Elle s’approcha donc du comptoir, ses pas toujours marqués par une élégance raffinée et discrète, manquant au passage la "surprise de la mascotte", à laquelle l’Aigle ne feignit même pas sursauter. Lorsqu’elle tendit la main vers sa coupe de vin, observant la profonde couleur pourpre, elle eut la surprise de voir qu’une autre se refermait sur la sienne, sans ménagement. Elle leva la tête vers le malotru, un homme échevelé dont l’haleine et le nez ne laissait aucun doute sur le fiat qu’il était déjà bien aviné.

- Pilos ! N’abuses pas du vin, tu sais que tu vas encore casser le matériel !

La main se retira comme elle était venue, prise en flagrant délit. Adoptant une expression outrée, la jeune femme sait sa coupe, et la porta à son nez, pour en humer les saveurs. Puis à ses lèvres, tout en se dirigeant de nouveau vers le groupe. Elle s’approcha de l’Aigle et de sa "mascotte" avec un sourire sur les lèvres.

- Merci d’avoir sauvé mon vin, majestueux Caridd.

Il y a des phrases qui marquent les esprits. Elles font tilt dans votre tête, provoquant un stimuli qui évacue la raison en faveur du réflexe, de l'instinct. Votre corps se précipite alors, sans véritable contrôle, là où l'esprit veut le mener.

En ce temps, cette heure, cette minute, cette seconde, Oreste était sous l'influence de cette formule magique, et entra en trombe dans l'établissement le plus festif d'Athènes. Plus question de réfléchir, il pouvait mourir, mais personne ne l'arrêterait. La machine était lancée, à toute vitesse. Elle n'avait plus de frein.

"Tournée Générale ? C'est gratuit ? "

Le chevalier en repos ne se le ferait pas dire deux fois. Il se précipita sur toutes denrées comestibles. Ah, les anniversaires, les mariages.... Pourquoi n'en y avait-il pas plus souvent ? Allez, histoire de ne pas paraître impoli et sauver l'honneur en évitant la réputation de pique-assiette, il devait faire un petit détour, féliciter le roi de la soirée et récupérer la chaise la plus proche des cuisines. A condition de savoir qui avait un an de plus...S'il n'arrivait pas à percer le mystère, au pire, il parlerait à quelqu'un au hasard. Avec un peu de chance, ce sera le bon.

Les femmes, semblables à des nymphes en se basant sur le point de vue du héros local, s’agitent ici et là en appréciant les mets et autres plaisirs que peut offrir la taverne. L’une d’elles se distingue, sa splendide chevelure créant un soleil artificiel en plein intérieur, un léger filet de bave coulant de la bouche du Chevalier. Absent pendant un moment, il se reprend pour sortir quelques fleurs de nulle part, son entourage pouvant se demander où est-ce qu’il les avait cachées. Une sérénade commence alors, sa compagnie féminine commençant à éprouver une certaine jalousie envers la nouvelle venue.

Cependant, alors que Caridd fait tout en œuvre pour gagner les faveurs de sa proie, un évènement soudain se montre. Il ne sait pas par où l’homme est arrivé, mais il est là. Peut-être par la porte, ou bien c’est une quelconque magie qui l’a téléporté en plein milieu de la salle ? La seule chose que l’on peut dire sans risquer le moindre mal, c’est qu’Aquarius no Âvel est au-devant de la scène. Le rayon de lumière qui illuminait Caridd change alors de cible, accompagné d'un bruit d'allumage de projecteur, la chevelure bleue du porteur de l’armure divine du Verseau brillant de mille feux.

"Il est complètement givré, ce type, à me voler la vedette !" dit-il simplement, son jeu de mots tombant dans les profondeurs des eaux boueuses et pleines de microbes de l'oubli, là où sa place est réservée depuis bien des années.

D'un coup, le lynx comprenait ce qu'avait dû ressentir Âvel en étant traîné contre son gré dans cette soirée. Il n'avait même pas eu le temps de s'assoir qu'une femme l'avait attrapé et hissé sur une table. Elle l'entraînait inlassablement dans sa danse folle, bien décidée visiblement à ne pas le lâcher... Il ne comprenait pas grand chose de ce qu'elle disait, ou plutôt hurlait, car elle le faisait, précisément, juste devant ses oreilles sensibles. Trop sensibles.
Les cris d'hystérie complétés par des manifestations plus ou moins sincères mais tout aussi bruyantes l'étourdissaient. L'haleine avinée de la dame n'arrangeait en rien son état, et le pauvre jeune homme essayait tant bien que mal de se dépêtrer de cette situation pour le moins embarrassante, en vain bien évidemment. Ses tentatives infructueuses furent même peut-être interprétées au contraire de ce qu'il aurait souhaité, car il entendit tout d'un coup distinctement une phrase, comme si elle lui était destinée.

- VAS-Y DESHABILLES TOI BEAU GOSSE, ON A BESOIN D'ETRE REFROIDIES !!!

Il dirigea instinctivement le regard vers Âvel, puisque ce dernier était cité dans la dernière phrase. Malheureusement le Chevalier ne donnait guère l'impression de réagir à cette interpellation, ce qui fit pâlir le jeune homme. Malgré, ou peut-être grâce à son ivresse, la femme qui le tenait avait une sacrée poigne. Il ne pourrait pas s'échapper si facilement, et chacun de ses propres mouvements étaient réintégrés immédiatement par sa geôlière dans sa "danse", aveugle à ses protestations muettes. Il craignait surtout, à présent, que le manque de réactivité du Verseau ne donne lui d'autres idées, et entraîne le pauvre félin qu'il était dans une danse encore moins enviable.
La tête lui tournait de plus en plus, à force de rondes et de bruits, mais il essayait quand même de rester fermement campé sur ses jambes, résistant du mieux qu'il pouvait à l'attraction de la spartiate. Contrairement à ce qu'elle avait sans doute cru au début, l'embarquer dans cette histoire n'aidait pas vraiment à le décoincer, au contraire. Sa crainte grandissant de plus en plus dans son esprit, à tort ou à raison, le moindre de ses gestes visait à se défaire de cette étreinte forcée. Il ne manquait plus qu'elle essaie de le faire boire et la débâcle serait complète...